Gérer la souffrance par le Yoga
Par le yoga, on apprend jour après jour à gérer progressivement ses émotions et à faire face à la souffrance, à l’accepter et à la vivre dans le but de continuer à avancer.
En effet, la souffrance, quelle qu’elle soit, physique ou morale ou les deux à la fois, place l’individu face à lui-même, l’obligeant à poser un regard neuf et objectif sur sa vie et à se poser les vraies questions. Questions auxquelles les réponses s’imposent d’elles-mêmes car il y a alors conscience de l’inéluctable changement que cette souffrance va engendrer dans la vie à venir.
En fait, la souffrance, à condition de savoir lui faire face, donne "la chance" d’étudier son comportement et sa manière de vivre, mais également de découvrir ses véritables aspirations et ce que l'on veut en faire. Reconnaître les significations de ses symptômes amène à entamer un voyage intérieur, à effectuer le premier pas vers une plus profonde compréhension de soi-même.
La pratique régulière du yoga et l’approfondissement de cette discipline, peut être un outil précieux aidant à faire face à la souffrance. Il devient un soutien à chaque fois que l'on tombe aidant à se redresser, à respirer, à avancer et à réveiller une lueur de confiance en soi, en l’autre et en la vie, amenant à la compréhension que pour sortir de la souffrance, il faut changer sa façon de penser, apprendre à respirer consciemment, penser positivement et se relaxer régulièrement.
Changer sa façon de penser
Quand on pense à ses malheurs comme à quelque chose de totalement hors de son contrôle ou comme un obstacle insurmontable, on gaspille son énergie qui n’est donc pas employée dans le sens de l’avancement.
En revanche, quand les malheurs vécus sont considérés comme une expérience dont on a à apprendre, comme une opportunité pour approfondir sa relation avec soi-même et avec l’extérieur, alors son énergie est entièrement consacrée à la guérison.
En effet, ce sont les pensées et les attitudes mentales qui dirigent l’énergie créatrice afin d'agir en soi et à travers soi pour influer sur ses propres conditions de vie :
- Devenir conscient de soi-même, tel que l'on est, est le commencement de sa propre acceptation.
- Devenir conscient de ses pensées, ses aspirations, ses sentiments les plus profonds ainsi que de sa douleur intérieure et l’accepter, engendre la libération.
Chacun apprend de sa propre souffrance car elle fait évoluer et en quelque sorte grandir, là même où on se sentait si petit. Cependant cette démarche intérieure peut s’avérer parfois très difficile et il peut être très tentant de vouloir couvrir la douleur. Mais ces moments difficiles aident également à évoluer.
Comme chacun sait, ce sont des détritus que l'on retire le compost, et le compost, lui, aide les plantes et les fleurs à pousser. Et bien, il en est de même de son rapport direct avec ses malheurs et ses souffrances. Ils obligent à répondre aux événements tels qu’ils se produisent. On ne peut s'accrocher à ce qui était ni à ses anciennes manières d’être dont on avait l’habitude. Il y a devoir au contraire de s'adapter aux changements, en gardant en mémoire que le présent a ses racines dans le passé proche et lointain, et que l’avenir dépend de ce que l’on fait du présent.
C’est pour cela qu’il faut privilégier le moment présent et le vivre pleinement. Car être présent avec ce qui est maintenant, offre l’opportunité de vivre chaque instant dans sa plénitude.
Changer sa façon de respirer
La respiration est la vie et marque l'entrée dans le monde, dès que l'on n'est plus relié physiquement à notre mère. La respiration a un rythme qui n’est autre que celui de l’univers. Chaque organisme vivant respire. La respiration nous lie ensemble les uns aux autres, car on respire le même air et on partage chaque souffle avec toutes les formes de vie.
Le processus de respiration s’effectue de façon automatique grâce au système nerveux. Cependant la manière de respirer correspond directement à l'état d’être et aux émotions qui modifient l’ampleur et le rythme du souffle.
Observer sa respiration, permet de se relier au rythme de l’univers et, à travers cette conscience de sa respiration, on peut initier un renouveau dans sa vie. En effet, on peut délibérément adopter un état d’esprit plus calme et plus détendu en changeant consciemment sa façon de respirer, et ce tout simplement, en adoptant une respiration plus profonde au niveau du ventre afin de tranquilliser le système nerveux calmant à la fois le corps et le mental. On peut ainsi utiliser consciemment sa respiration pour libérer ses tensions, approfondir sa concentration et apaiser sa douleur physique. Avoir conscience de sa respiration et apprendre à changer ses habitudes respiratoires, favorisent la guérison et libèrent l’oppression afin qu’elle ne se transforme pas en détresse physique.
Penser positivement
Il ne s’agit en aucun cas de faire paraître une situation comme étant merveilleuse ni d’essayer d’atteindre des objectifs irréalistes mais plutôt à passer d’un sentiment comme celui du désespoir à une force intérieure et à une attitude plus opportune.
La pensée positive est une manière extrêmement efficace d’employer la force de l’esprit pour provoquer la transformation intérieure en reprogrammant la pensée par la canalisation de l’énergie vers différentes directions défaillantes.
En fait, de la même manière que l'on est capable de modifier la température de ses mains en y amenant la chaleur avec sa conscience et par sa concentration, on peut, par la pensée positive, donner de la force à son corps, communiquer avec lui et intégrer un état d’être calme et paisible. Il faut choisir avec soin des pensées positives constructives, harmonieuses, paisibles et surtout en accord avec soi-même et les substituer aux pensées négatives, à chaque fois qu’elles surviennent afin d’engendrer un processus créatif qui agira sur sa destinée.
Pour donner une image, les pensées positives sont comme les barreaux d’une échelle, elles permettent de monter plus haut, de retrouver une raison à la vie, de s'accepter tel que l'on est et tel que l’environnement extérieur se présente.
"Semez une pensée, Vous récolterez une action
Semez une action, Vous récolterez une habitude
Semez une habitude, Vous récolterez un caractère
Semez un caractère, Vous récolterez un destin"
- Swami Sivananda -
Apprendre à se relaxer
Quand on est dans un état de tension excessive et que l’on se sent nerveux, irritable, inquiet, anxieux, opprimé, incapable à faire face aux problèmes, alors il devient très difficile pour le corps ou l’esprit d’amorcer la guérison. Car, si chaque jour, des milliers de cellules meurent dans nos tissus et sont remplacées immédiatement par d’autres, nos cellules nerveuses, elles, ne se renouvellent pas. De ce fait en les surmenant, on les mène à leurs destructions, et comme elles sont irremplaçables, on déstabilise notre santé.
Il ne s’agit donc pas de se relaxer de manière superficielle, mais de se relaxer consciemment et profondément jusqu’à atteindre les niveaux intérieurs profonds de stress et de tension.
La relaxation pratiquée de cette façon :
- Libère lentement les nœuds intérieurs et rend capable d’aller au plus profond de soi-même pour retrouver la paix intérieure.
- Ralentit les palpitations nerveuses.
- Libère les tensions musculaires.
- Apaise le stress mental et émotionnel.
- Implique un état intérieur relaxé, qui, lorsque la relaxation est pratiquée régulièrement, influence l’ensemble de notre vie.
- Permet de prendre des distances face aux agressions extérieures et d’observer, ensuite, toute chose avec plus de recul et de perspective.
Guérir une vie
Pour guérir une vie, il faut devenir entier.
Devenir entier signifie tout d’abord, laisser émerger à la lumière tout ce qui est en soi afin de ne rien laisser dans l’obscurité, si difficile et douloureux que cela puisse être. Il faut reconnaître toutes les parties de soi-même que l'on a ignorées, déniées, essayées de rejeter ou d’éliminer. Guérir signifie accepter tout cela dans son conscient, dans son cœur, dans sa vie.
Quand les malheurs nous accablent, il faut s’employer à garder la sérénité, s'interroger hors du bruit et de l’agitation et écouter son âme. Dans ces moments là, il est bon de se représenter la symbolique du Char de l’Âme issue de quelques-unes des Upanisad les plus anciennes, vers le VIII ème siècle avant J.C. et où le Yoga y figure comme technique visant à délivrer l’âme des tourments de la transmigration (voir représentation ci-dessous).
L’individu y est représenté comme une structure à quatre éléments comparée à un véhicule en mouvement.
- Le corps est pareil à un char.
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Les cinq chevaux qui entraînent le char correspondent aux organes de perception et d’action :
- le toucher
- la vue
- le goût
- l’odorat
- l’ouie
- Ces chevaux sont guidés par un cocher, le manas (pensée, mental).
- L’âme embarquée dans ce véhicule, souffre des aléas d’un voyage qu’elle n’a pas désiré et sur lequel elle n’a aucune autorité. Elle aspire à descendre du véhicule mais ne le peut pas. Car, bien qu’étant étrangère au corps autant que le passager d’un véhicule peut l’être de la carrosserie de l’engin qui l’emporte, elle en reste dépendante d’humiliante façon comme ce passager vis-à-vis des performances du véhicule en question.
L’âme est sujet, le corps objet. Elle est impérissable alors que le corps est précaire, fragile, voué à la destruction. Le paradoxe est qu’elle ne puisse se délivrer elle-même parce qu’elle est, par essence, impassibilité, inactivité contemplative, alors que le corps est mouvement, agitation, dispersion.
Cependant, la lumière qui émane d’elle peut parvenir à illuminer la pensée qui joue le rôle du cocher dans la symbolique du char. Ayant pu prendre conscience de la condition malheureuse de son âme, l’individu ainsi éclairé s’efforce à maîtriser les chevaux de l’attelage jusqu’à parvenir à l’arrêt du véhicule et permettre ainsi à l’âme de quitter sa condition de passager involontaire.
Le Yoga est la méthode employée pour permettre au manas de comprendre la misère de son passager et donc d’arrêter la course du char afin que l’âme puisse s’en libérer.
Le Yoga nous apprend à faire silence en nous-mêmes, à nous fixer dans le présent, dans l’observation, dans un travail de recherche, sans juger, simplement constater. Ceci nous conduit peu à peu à l’action juste et à la pensée sereine.
Article Dany Loriole-Martin enseignante de Yoga
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